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Maroc, Algerie: soyons francs
30 janvier 2011

Tunisie, Egypte et les autres: quelle différence?

 

NN101_waL'impact de la révolte tunisienne sur les pays de la région dépasse les prévisions des spécialistes les plus avertis. A commencer par le tyran libyen qui adressait au peuple tunisien (et le libyen, mais sous-entendu) un discours des plus sarcastiques: ''...Ezzine (en parlant de Zine el Abidine) est le meilleur président actuellement, vous auriez dû le laisser jusqu'à 2014, voire à vie...". Les libyens sont avertis.

Mais loin du Maghreb, plusieurs Etats du Proche Orient en subissent les conséquences. A commencer par le diktat syrien Bachar El Assad, le plus jeune tyran dans la région. Mais, faute de moyens, dans un pays qui manque d'orientation économique claire, et où le gouvernement œuvre surtout pour armer le pays contre un ennemi israélien plus conforté dans le Golan qu'avant, l'Etat n'a pas pu faire plus qu'augmenter les subventions du fuel de chauffage... Et ce de quelque lires syriennes.

Quant à l'Algérie, dont les réserves déborderaient de devises, l'Etat n'a pas hésité à réduire les prix des biens de consommations essentiels. Bizarrement, c'était suffisant pour calmer les esprits. Les algériens ne demandaient-ils pas plus? En effet, si. Et les jours qui viennent connaîtront sûrement des manifestations massives de la population. Des dates sont d'ores et déjà données ici et là sur le net. Ce qui est sûr, c'est que les algériens auront une tâche délicate, plus qu'en Tunisie ou en Egypte. Le pouvoir à Alger et détenu par une bande de généraux. Mais bon, la Grèce était gouvernée par une dictature de colonels, renversée par la suite.

Suivant?

L'Egypte. Hosni Moubarak, quoiqu'il fait mine de résistance, quittera le pouvoir dans les jours qui viennent. Seul hic: l'Egypte n'est pas la Tunisie. Les USA refuseront de voir un barbu ou un marxiste au pouvoir. Surtout qu'Israël est sa stabilité dépendent du sort de l'Egypte. Le pays étant l'un des plus pro-israéliens dans la région. Le soutient égyptien et jordanien et loin de se limiter au domaine économique (non négligeable aussi). C'est un soutien politique.

La Syrie et le Yémen seraient les prochains pays secoués par le changement. Si en Syrie la dictature de Bachar El Assad résiste dans un calme fébrile (dans un pays d'intellectuels arabes de renommée internationale, paradoxalement...), au Yémen, le pays, très affaibli par les soulèvements populaires, est au bord de la crise. Le Yémen est, de loin, l'un des pays les plus pauvres de la planète. Même ses gisements d'hydrocarbures ou ses paysages paradisiaques ne lui confèrent aucun confort économique. Le PIB par tête y est égal à celui du Kosovo.

C'est tout?

Effectivement. Du moins pour le moment.

La pouvoir libyen n'a pas l'air de vouloir lâcher prise, ni de faire face à une contestation populaire. Faute de moyens d'expression. Kaddhafi maintient le pays d'un bras de fer, et ce, depuis des décennies. Pire, l'opposition dans le pays est elle aussi contrôlée par Kaddhafi. Comment ça?! Kaddhafi junior est le plus médiatisé des opposants à Kaddhafi senior.

Les monarchies du Golfe ne connaîtront pas de changement dans les temps qui viennent. Le Koweït a connu une ouverture relative dans les dernières années, et tend de plus en plus vers une monarchie parlementaire. Mais il y a encore du boulot...

Les autres pays du Golfe connaissent une relative stabilité. Même si, tout compte fait, c'est les pays les moins démocratiques du monde arabe. Et pourquoi donc? Les mentalités ont changé. Les habitants du Golfe ont des PIB par tête très élevés (quoiqu'ils n'en touchent rien), et cherchent plus à se faire des fortunes dans les bourses du pays qu'à se révolter contre un émir. Une fois encore, l'argent l'emporte sur les principes. Et comble du sarcasme, Aljazeera, tribune des démocrates arabes, diffuse depuis des studios au Qatar. Dans ce petit émirat, les partis politiques sont interdits. Il n'y a pas de système électoral. Même le Myanmar fait mieux. Mais bon, les Cadillac sont la pour faire l'affaire.

La Jordanie, qui connait des manifestations ces derniers jours, s'en sortira aussi. Surtout que la population réclame la démission du gouvernement. Pas plus. D'autre part, comme c'est le cas pour l'Egypte, les USA garde un œil sur la politique du pays, voisin qui partage le plus de frontières (et intérêts) avec Israël.

Et les autres?

Le Soudan est plus préoccupé par l'éclatement éminent du pays. La Mauritanie est, généralement, un pays en voie de démocratisation. D'autant plus que les coups d'état s'organisent et s'exécutent en quelques heures. Le pays manque de stabilité et surtout d'orientation claire. Même chose pour la Somalie. Quant au Djibouti (où le président a été élu à 100% des voix) et les îles Comores, les prévisions sont difficiles à faire, surtout que les deux pays sont éloignés de la sphère d'influence arabe, quoique membres de la Ligue Arabe.

Le Liban ne connaîtra pas de soulèvement populaire. Le pays jouit d'une liberté relative. Le pouvoir n'a pas le choix. Mais, le pays est très secoué par l'instabilité politique, avec la présence d'un tas de courants, basés sur des appartenances ethniques. Oui, ça existe toujours.

Il y a un qui reste quand même...

Et oui, le mieux pour la fin. Le Maroc. A vrai dire, le Maroc est un cas spécial dans la région. La monarchie marocaine est la plus ancienne du monde arabe. En termes de dynastie, les alaouites sont au pouvoir bien avant les Windsor au Royaume Uni. La monarchie fait partie du patrimoine du pays. Mais le pays a besoin de démocratie. Comment faire alors?

Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura du changement dans le pays. Mais du changement dans la manière avec laquelle le roi gouverne. Il faut admettre que, parmi les dirigeants de la région, Mohammed VI a l'une des cotes de popularité les plus importantes. Il est aimé par une grande majorité des marocains. Mais il a nommé un gouvernement fantoche et stérile! Oui, mais c'est ce qui est sorti des urnes. C'est le choix des 30% de marocains qui ont voté durant les élections de 2007.

Le pays devra se doter d'institutions plus crédibles, à commencer par la justice et la police. Plus de liberté d'expression. Même si le pays est pointé du doigt à chaque sortie du rapport de RSF, il ne faut guère nier que ceci est dû à la nature des sujets que traitent les journalistes. Si les Emirats Arabes Unis font mieux en terme de classement (toujours selon RSF), c'est que les médias la bas ne parlent que de Nancy Ajram, de la guerre en Irak (et pas chez eux), de l'Iran et surtout de la bourse et des courses de cheval.

 

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